Elle se balade dans les couloirs, le pas léger. Elle se complait à arpenter les différentes pièces, à y mémoriser chaque emplacement de celle-ci. Elle se promène nonchalamment, le regard curieux sur les ornements des portes, les divers tableaux accrochés au mur, les statues qui encadrent certaines salles ou encore la vue qu'offre la plupart des fenêtres sur le dehors, le magnifique jardin à leur disposition. Elle se laisse d'ailleurs conduire inconsciemment à cet endroit, son appareil autour du cou. Pour l'instant, elle n'avait rien d'autre à faire que se distraire autant qu'elle le pouvait, jusqu'à la prochaine épreuve. Cette histoire d'énigmes à résoudre lui passait un peu par dessus la tête, elle n'était pas aussi motivée que les autres participants et il était peu probable qu'elle en sorte gagnante, ses aspirations étant ailleurs.
Elle descend ainsi au rez-de-chaussée, distraite par ses pensées, sans se préoccuper de l'émission sur le dancehall qui passait sur l'écran géant du salon, ou encore des habitants qui la regardaient et chahutaient sur le sujet. La mannequin s'attarda seulement à la cuisine, où elle subtilisa une pomme dans la corbeille à fruits avant de sortir. Elle y mordit à pleine dents et inspira longuement l'air frais et rafraîchissant.
Elle se laissa égarer parmi les allées de verdure, en prenant divers clichés de choses insolites, comme une sculpture en buisson en forme de girafe dont la taille était assez impressionnante, ou bien une autre sculpture en forme d'ourson. Le jardin était rempli d'objets étonnants qu'elle s'y prenait à deux fois à s'arrêter pour les observer attentivement.
L'endroit était calme et désert, où du moins le pensait-elle, lorsqu'une silhouette apparut dans son champ de vision et manqua de la surprendre, si bien qu'elle en bouscula un buste de lion et qu'il en tomba à terre. Elle porta une main à son front et soupira d'exaspération.
« Ne dites rien. »
Elle s'accroupit et ramassa doucement la décoration pour la remettre sur sa colonne de pierre, en examinant scrupuleusement si celle-ci ne contenait aucune fissure.
« C'était de ma faute, ne vous sentez pas obligés de vous excuser. Non, mieux : ne vous excusez pas. »
Elle s'essuya rapidement les mains sur son jean et pivota la statuette pour qu'elle soit parfaitement alignée et reprenne de cette façon son ancienne position.